Congrégation de Saint-Thomas
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Congrégation de Saint-Thomas

C'est ici que ceux qui croient en Christos, notre Messie, se réunissent
 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment : -39%
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
Voir le deal
399 €

 

 Vie et mort de Nicolo Malkiavel

Aller en bas 
3 participants
AuteurMessage
Lorgol

Lorgol


Nombre de messages : 365
Date d'inscription : 28/12/2005

Vie et mort de Nicolo Malkiavel Empty
MessageSujet: Vie et mort de Nicolo Malkiavel   Vie et mort de Nicolo Malkiavel EmptyDim 30 Avr - 19:14

Ayant déjeuné de quelques fruits, le jeune Simon rejoignit son maître qui le voyant venir, lui fit signe de s’asseoir à ses côtés.

- Où en étions nous, mon jeune élève ?

- Vous alliez me relater, maître, une édifiante histoire, selon vos propres termes. A dire vrai je ne vois pas ce qu’il pourrait y avoir de plus édifiant que ce que vous m’avez dit tantôt.

- Et pourtant, il y a… Ecoutes le récit de la vie et de la mort d’un homme perdu, égaré sur certaines voies dont on ne revient jamais. Entretien toujours le souvenir de mes propos, mon jeune ami.

L’intelligence des hommes fut donc profondément marquée par le passage sur cette terre de celui que l’on nomme Aristote. Ses écrits furent transmis à la postérité par ses quelques disciples. Une poignée de lettrés purent en faire la lecture et diffusèrent progressivement, sur toute l’étendue du continent, sa remarquable philosophie. On commença dès lors à en dispenser les enseignements dans les écoles et les académies, on fit d’innombrables commentaires de son œuvre colossale, et ainsi, par la force de l’habitude, naquit peu à peu la conviction qu’elle contenait la vérité. De la même manière qu’émergent toutes les religions, on eut le sentiment qu’il fallait vouer un culte à cet illustre penseur. Celui-ci, pensait-on, devait bien avoir quelques rapports avec Dieu pour rencontrer un succès aussi unanime, et de surcroît mérité, tant il était manifeste que de ses ouvrages se dégageait un doux parfum de perfection. Des temples furent donc érigés en son nom, et l’on louait Aristote de nous avoir révélé Dieu par sa science.

A Rome, les pontifes assurèrent la transmission de la foi aristotélicienne. L’auguste Cicéro, emprunt de la philosophie du maître grec, en fit à son tour la diffusion parmi ses concitoyens, et la cité millénaire devint le siège d’un formidable hommage à Dieu par le truchement d’Aristote. Dans ce contexte, comme tu le sais, Christ vint incarner les vertus divines et fit la seconde révélation, celle de l’amour, de la béatitude, et de la mystique.

Le Très-Haut était, à cette époque encore, craint et révéré comme il se doit. Il avait la place qu’il méritait parmi les hommes.

Mais voilà, les écrits d’Aristote recelaient en eux un germe insidieux. Ils furent si étudiés, si glosés, si commentés tant ils étaient à la portée de tous, qu’on finit par en tirer à peu près toutes les conclusions qui se puissent imaginer, dont une qui fut exploitée par un sombre personnage du III° siècle de notre ère, connu sous le nom de Nicolo Malkiavel.

Ce florentin se complaisait à contredire l’interprétation dominante qu’on faisait de l’œuvre d’Aristote. Et puis un jour il se dit : « Crénom de nom ! Je vais opérer la sécularisation du politique. ». Il tint ainsi à peu près ce discours aux tenants de la religion aristotélicienne : « Sombres crétins ! Vous n’avez rien compris à la philosophie d’Aristote à qui vous vouez un culte. Vous avez perverti son discours. Sa science est celle de la cité des hommes. Dieu n’est qu’une pièce rapportée. ». Malkiavel affirmait ainsi que la cité, en tant que lieu d’accomplissement de toutes les valeurs de l’homme, ne tolérait rien qui lui fut extérieur. « La Cité est un tout », disait-il. « La cité est Le Tout. La cité est Dieu, si vous voulez absolument qu’il y en ait un ».

Par là même, ce personnage postulait que la morale chez Aristote n’avait strictement rien à voir avec la religion, mais que puisque la cité, la polis, est l’essence même de l’homme, l’éthique devait être de nature indubitablement politique, c’est à dire envisagée en terme d’utilité sociale. « Le reste n’est que balivernes et croyances de grand-mères », proférait-il. « On n’enseigne pas la vertu en vouant un culte aux morts, en embrassant des icônes, en construisant des églises ou en passant son dimanche à réciter des prières. Au lieu d’attendre de Dieu des réponses qu’il ne donnera jamais sur le sens de vos vies, interrogez vos magistrats sur les projets qu’ils ont au bénéfice de la république ».

Malkiavel fut entendu, et parvint à réunir autour de lui une masse très décidée de disciples, qui se firent appeler les « humanistes ». Je peux te citer quelques meneurs : Carolus Marxus, Janus Jacus Roussus, autant de nom qui sont demeurés tristement célèbres. Leur slogan fut : « La mystique, ça craint ». Leur cause était entendue, et ils affirmèrent qu’ils allaient procéder à la renaissance du véritable idéal aristotélicien de la cité. Ils décrétèrent l’inutilité sociale de la religion, et par extension celle du clergé : « La seule religion que nous admettrons est la religion civile, le dévouement à la cause publique ».

Les humanistes glorifièrent l’image antique du héros viril, du soldat de Sparte. Ils nièrent totalement la révélation christique, qui devait selon eux n’aboutir qu’à l’inévitable affaiblissement du peuple. « Si nous tendons l’autre joue, disaient-ils, ce sera pour mieux placer à notre assaillant un bon coup de pied dans ses valseuses ». Ils méprisaient les valeurs du pardon et de l’amour. La vertu devenait contingente, aristotélicienne à l’extrême. Aucun exemple ne méritait qu’on le suive, la vertu n’étant que la conscience de l’intérêt général, et la faculté de faire abstraction du sien propre ainsi que de toute autre considération morale, pour œuvrer exclusivement au bien commun.

C’est ainsi que les humanistes entreprirent de liquider le clergé aristotélicien. Florence fut le théâtre d’un indicible massacre. Les disciples de Christ furent égorgé au prétexte qu’ils efféminaient le peuple, les autres furent réduits en esclavage pour leur apprendre les rudiments de la vertu, et pour avoir détourné les citoyens de la république en leur infligeant un culte grotesque qu’Aristote n’avait jamais voulu. Tout ceci fut réglé dans un monstrueux bain de sang. Les humanistes passèrent tous, sans exception, au fil de l’épée de la garde pontificale.

Simon fit quelques instant de silence, manifestement bouleversé par cette si terrible histoire.

- Mais maître, que voilà un récit fort triste. Que peut-il y avoir d’édifiant là dedans ? Pourquoi me conter cela ?

- Je t’ai conté cela pour que tu n’oublies jamais ce que je vais te dire maintenant. Mon jeune ami, les croyances sont quelque chose de bien fragile. Il faut les entretenir avec quelques mythes, quelques histoire extraordinaires. La raison seule ne pourra jamais suffire à la religion. Il faut une part de surnaturel et de fantastique. Et Christ n’a pas seulement révélé Dieu après Aristote, il a aussi permis aux hommes de croire en Lui. La mystique, la nature divine du Christ, ou même l’existence du Diable, sont les remparts de l’inexplicable contre le rationalisme destructeur dont Malkiavel s’est fait le promoteur, et que les écrits d’Aristote contiennent indubitablement. Alors, mon jeune ami, lorsqu’on te dira que la religion peut se passer de Christ, tu répondras, comme un avertissement, que la cité d’Aristote peut aussi se passer de Dieu.
Revenir en haut Aller en bas
Trufaldini
Recteur
Trufaldini


Nombre de messages : 898
Localisation : Aurillac
Date d'inscription : 22/12/2005

Vie et mort de Nicolo Malkiavel Empty
MessageSujet: Re: Vie et mort de Nicolo Malkiavel   Vie et mort de Nicolo Malkiavel EmptyDim 30 Avr - 19:48

cheers Very Happy Laughing cheers Very Happy Laughing


EXELLENT

Et j'étais mort de rire en lisant cela. Bravo mon cher frère, voici un texte d'envergure à opposer à Ste Nitouche et les Bogomiles.

C'est par l'humour que nous arriverons à nous faire entendre.
Revenir en haut Aller en bas
Ori

Ori


Nombre de messages : 142
Localisation : Aurillac
Date d'inscription : 19/03/2006

Vie et mort de Nicolo Malkiavel Empty
MessageSujet: Re: Vie et mort de Nicolo Malkiavel   Vie et mort de Nicolo Malkiavel EmptyDim 30 Avr - 19:52

Positivement extraordinaire!!! cheers
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Vie et mort de Nicolo Malkiavel Empty
MessageSujet: Re: Vie et mort de Nicolo Malkiavel   Vie et mort de Nicolo Malkiavel Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Vie et mort de Nicolo Malkiavel
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Vita de Saint Thomas : 7 - La révélation et la mort

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Congrégation de Saint-Thomas :: Faculté de Théologie :: Cellules de travail-
Sauter vers: