[TRAITE] De veritate fidei - De la vérité de la Foi

Citation :

De veritate fidei

De la vérité de la foi révélée par Saint Thomas d’Aquin

Travaux de l’Ordre Thomiste


Livre Ier. De la Raison


1 - Où l’on admet que la philosophie des Anciens a atteint un degré de sagesse fort remarquable ; qu’il faut bien observer que ceux ci pensaient et écrivaient à une époque où l’église n’existait point encore ; et qu’on peut en conclure que la vérité n’est pas exclusive à la Grâce, mais qu’elle réside également dans la nature des choses.

Les Anciens ne connaissaient ni les Ecritures ni l'Enseignement du Christ, c'est pourquoi ils tentèrent d'expliquer la Création en étudiant celle-ci, par le jeu de la raison. Après des années études, ils arrivèrent à la philosophie que nous leur connaissont, ayant de nombreux points communs avec les Enseignements du Fils.

En effet, Dieu, le Verbe par qui "tout a paru" (St Jean), étant la cause première de toutes les causes et de tous les effets, il fut aussi la cause première de la pensée d'Aristote, comme il fut celle de la venue du Sauveur.

On peut tirer de ce qui précède que les Anciens ont pu atteindre un très haut niveau de Sagesse, alors que l'Eglise n'existait point encore.

Nous pouvons donc en conclure que, si la vérité primordiale reste conservée dans l'Essence même de la Création et si seule la Foi peut conduire à la Lumière, il reste que, par une étude approfondie et méthodique de celle-ci, nous pouvons tendre vers la Connaissance de Dieu, qui est la Vérité.


2 - Où l’on observe qu’est très louable l’effort d’Aristote pour définir la vertu des hommes en société, et que cette vertu est bien proche de la charité que nous impose le pardon chrétien, et de l’abandon de soi que nécessite une existence vouée au respect des principes de nostre inaltérable Foi.

Au commencement, Dieu créa le Paradis afin de permettre aux hommes d'avoir accès au bonheur.

Or, depuis qu'il en fut chassé, l'homme n'a de cesse que de retrouver ce bonheur suprême.

Cependant, ce n'est que par l'exercice de la vertu que l'homme peut entreprendre sa quête, donc par une abnégation sans faille à la cause de tous, comme l'a montré Dieu en punissant par le Déluge les hommes qui entreprirent de faire ce qui était le mal, c'est à dire l'absence de vertu.

La vertu par laquelle on peut se rapprocher de Dieu nous a été enseignée par Notre Seigneur. La charité que Jésus pratiqua en multipliant les pains, l'abnégation qui le conduisit à se sacrifier pour le bien de tous, mais aussi, comme nous l'enseigna Aristote, la participation à la vie de la cité, car, c'est en prenant part à la vie laïque que nous pouvons, par notre compassion et notre attention aux problèmes de nos semblables, faire acte de Foi, sont autant de voies vers le Salut.

Ainsi, en pratiquant la vertu, l'homme se rapproche de ce que Dieu veut, et ainsi peut avoir accès au bonheur supême de le contempler, à l'éternelle béatitude.


3 – Où l’on conclut des précédentes assertions qu’Aristote, dans une sainteté manifeste, a été l’annonciateur de la venue de Jésus Christ, nostre Seigneur, Sauveur du genre humain par son sacrifice, fils de Dieu nostre Père et incarnation de l’Esprit Saint.

Or, donc, Aristote en enseignant la vertu et en donnant le chemin qui mène à la connaissance par la raison, inspiré en cela par Notre Père, annonça l'avénement d'un homme supérieur aux autres par ses mérites, et capable de mener les hommes sur le vray chemin de la connaissance divine.

Cet homme fut Christ, Seigneur et Sauveur du genre humain, fils de Dieu qui s'illustra par la pratique d'une vertu parfaite, et qui nous invita à imiter son exemple.


4 - Où l’on admet par là que la philosophie peut être une voie vers la vérité, qui est la connaissance de Dieu.

On peut tirer de ce qui précède que de manière plus générale, la méthode philosophique, par le jeu de la raison, cultivant ce que l'esprit de l'homme peut avoir d'inspiration à l'égard des choses qui ne lui sont pas encore révélées, est un moyen d'atteindre, par le syllogisme, la connaissance de la Création divine.

Ainsi, de petites vérités raisonnables que la simple observation permet de découvrir, on peut aboutir à la grande, La Vérité, qui est la certitude de l'existence de Dieu, et de la réalité de son infinie bonté.

En effet, par le simple jeu de la raison et l'inspiration du Verbe, les deux mamelles de la philosophie et de la Foi, Aristote réussit à démontrer l'existence d'un dieu, moteur de l'univers et annonça quelques uns des chemins qui mènent à la connaissance de Dieu. Ainsi, Aristote, prophète, permet de préparer la venue du Messie, qui, par la Foi permettra, lui, d’aspirer à la connaissance véritable de l’Eternel.



Livre II. Des rapports entre Foi et Raison


1 - Où l’on montre que la Grâce ayant engendré la nature, elle lui est supérieure en tout, et qu’incidemment elle peut l’infléchir par la force du Miracle.


2 - Où l’on montre de ce qui précède que la raison demeure conditionnée par la foi, dont elle ne peut être que le complément, et qu’elle n’est autonome que dans ses moyens et non dans ses fins.


3 - Où l’on montre que la philosophie sert la théologie, jamais l’inverse, et qu’il ne faut point s’égarer en des raisonnements qui n’auraient pas pour objet de prouver l’existence de Dieu, par pur plaisir des sens ou de l’intellect.


Livre III. Du pouvoir et de la vertu


1 - Où l’on montre que la nature de l’homme lui impose de vivre au sein de la cité, et que la cité étant ainsi une exigence de la nature de l’homme, elle est une exigence de Dieu dont procède la nature.


2 - Où l’on en conclut que la cité, lieu d’accomplissement de la nature de l’homme, est toujours soumise à la force de la Grâce, qui est son essence fondamentale.


3 - Où l’on montre qu’ainsi, comme c’est Dieu qui place premièrement les hommes au sein de la cité en leur donnant leur nature d’hommes, c’est aussi Dieu, dont tous les pouvoirs procèdent, qui place les souverains au sommet de leurs royaumes, et qu’en cela le pouvoir des hommes reste toujours soumis à celui de la Grâce.


4 - Où l’on montre que comme le peuple précède le souverain dans l’œuvre de la Grâce, c’est en le peuple que réside le principe du souverain, le pouvoir venant de Dieu par le peuple, et qu’ainsi le peuple peut retirer allégeance au souverain, ou en appeler à l’église, dont le roi demeure vassal, si la cité dégénère en tyrannie, ou que le roi cesse d’être vertueux.


5 - Où l’on tire de ce qui précède que c’est la quête du bien commun qui doit motiver les hommes, ce pour satisfaire aux exigences de la Grâce, et qu’ainsi les hommes doivent s’attacher à cultiver toutes les vertus qui font la grandeur des peuples, et demander pardon pour leurs péchés devant l’Eternel, car un jour prochain Dieu établira son royaume ici bas.

Voici des annotations et des remarques sur le livre 1 du De Veritate fidei

Livres 1

Paragraphe 2 et 3 : il faudrait porter plus sur l'aide qu'a apportée l'Esprit Saint en inspirant les Anciens. En effet ce n'est pas le Père mais l'Esprit qui a permis la compréhension de ce mystère à Aristote alors que le fils n'était pas encore incarné. C'est l'Esprit qui a donné la grâce à Aristote de comprendre en premier les Mystères de Dieu. L'Esprit lui a permis de se retirer de son état de cécité et ainsi d'accéder à la Vérité.

Paragraphe 4 : je pense qu'il faut dire explicitement que la Vérité est possible par deux voie : la Foi pure ou alors le raisonnement qui permet de trouver Dieu en utilisant l'intellect ; la Foi, utilisant la sensibilité. Ainsi un signe peut donc être perçu comme un de Dieu soit par la foi (par une conviction intime) ou alors par la Raison (la déduction logique). Aristote amène la découverte de Dieu par la Raison alors que le Christ l'amène par la foi. Que peut-on en déduire : dans l'histoire humaine, la découverte de Dieu est d'abord passée par le raisonnements : l'homme a réfléchi à son but et s'est forgé des dieux à son image. Sous la conduite de l'Esprit Saint, la Raison a amené Aristote à la découverte du vrai Dieu. Aristote est donc le précurseur de la Nouvelle Alliance, celle destinée à tous les hommes. Avec l'arrivée du Fils, la rencontre de Dieu a enfin pu réellement passer par la Foi : avant le seul chemin possible était la raison qui amenait ensuite à la Foi ; maintenant la Foi seule peut suffire.
L'église reconnaît donc deux manière d'accéder à la vérité : la Foi et la Raison. Or, la Foi a été amenée par le Fils donc la Foi est au-dessus de la raison, dans le sens où la Raison amène à la Foi. La Foi étant le chemin à atteindre pour découvrir la vérité, le fidèle à notre Sainte église a donc plusieurs chemins pour accéder à la vérité suivant son charisme personnel : ou bien la raison, qui l’amène par la réflexion à la découverte de la vérité est donc à la Foi ; ou bien plus directement par la fois. Dans les deux cas, le fidèle à a vénérer le Christ comme l'incarnation de Dieu apportant la plénitude de la vérité mais aussi Aristote comme le précurseur et le saint homme qui par sa vie entière et bien avant la tenue du sauveur, a découvert la Vérité : Aristote est donc un exemple à suivre et le Christ un idéal vers lequel tendre. Aristote nous montre le chemin vers la vérité et le Christ est la Vérité. Aussi donc, pour être un bon fidèle il faut à la fois respecter les préceptes aristotéliciens et christiques dans le sens où l'un et l'autre se recoupe. En effet bien que précurseur, les préceptes d'Aristote sont en totale adéquation avec ceux du Christ puisqu'Aristote a découvert le premier le chemin de la vérité, le Christ est venu pour élargir à l’humanité entière ses préceptes.

Je vais étudier les remarques que vous faites à tête reposée afin de bien m'en imprégner et pouvoir les relire en comparaison avec ce qui a déjà été écrit.
Si cela vous interesse, les travaux sur le livre II et le début du livre III sont en cellule de travail.

Khereddine eu vent des écrits rapportés par frère Lorgol. Il alla de ce pas s'informer du contenu.

Très, très, très intéressant... On a presque l'impression de lire Averroes à certains passages...

A mon sens, le terme "Verbe" fait référence à l'Esprit non encore incarné, le Logos grec: celui qui parle, qui inspire.

Pour le paragraphe 4, ce problème est traité plus spécifiquement dans le Livre II.